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manifeste antartistique

Depuis tout gosse, j'ai toujours bricolé des p'tits trucs à base d'autres trucs récupérés de droite et de gauche, des inventions plein la tête. En parallèle de cela, j'ai toujours eu horreur du gaspillage de façon quasi obsessionnelle. Ce n'est pas pour rien qu'en famille j'ai la réputation d'être la poubelle de table. A croire que j'ai connu la famine de la guerre, tant sur ce point je ressemble à mon arrière grand-mère ; récupérant soigneusement chaque miette, sauçant jusqu'à la dernière goutte mon assiette comme si toute calorie non consommée était une offense faite à la nature en personne. Au même titre que lorsque je glane champignons, plantes, fleurs et fruits sauvages pour m'en nourrir lors de mes randonnées, pour les arbres que je coupe lorsque je bûcheronne également ; je ne manque pas d'avoir une petite pensée, voir des mots, en remerciement de ces bienfaits qui me sont accordés. En remerciement aussi pour ces vies que je m'autorise à prendre ou ne serait-ce qu'amputer d'une partie d'elles pour me chauffer l'hiver, ou bien voir le jour se lever demain. Je n'ai pas l'intention de renier ma nature d'omnivore et aussi désespérant cela peut-il être par moment, je tente malgré tout de rester fier d'être humain et des accomplissements que cela représente. Accomplissements qui ne seraient probablement jamais advenus sans l'alimentation carnée. Or, j'ai beau ne pas être végétarien, il me semble que le meilleur moyen d'honorer cet animal mort pour cette cause qui m'est chère, celle de ma survie, est de n'en rien perdre au-delà de ce que je nomme la part des fourmis. C'est pourquoi, de la même façon que je conserve tels des trésors, les loupes et autres morceaux de bois un tant soit peu particuliers qu'il m'est donné de découvrir sur mon chemin, "au hasard de la vie" comme j'aime à dire et dans la mesure de mes faibles capacités de stockage ; lorsque l'occasion s'est présentée à moi de faire l'acquisition de chutes de cuir provenant de l'industrie du luxe, il ne m'a pas fallu bien longtemps pour imaginer quoi en faire…

Vous l'aurez compris, ne pas surconsommer, c'est à dire au-delà de ses besoins, ainsi que faire durer autant que possible en usant jusqu'à la corde, tous ces achats que j'ai effectués pour répondre à mes impératifs et ce, même lorsqu'ils n'étaient pas à la hauteur de mes attentes ; est pour moi plus qu'un crédo, c'est une philosophie, presque un sacerdoce. C'est dans cette même optique que j'aime l'idée du réemploi, de refaire du neuf avec du vieux ainsi que du beau avec ce moche qu'est le déchet dont habituellement on se débarrasse. Mais parce que sobriété ne signifie pas pour autant austérité, mes collectes de jolis objets, matières et finalement médiums, parfois désuets ou obsolètes, souvent brisés, mais dans tout les cas, pas ou plus utilisables en l'état, m'ont offert la possibilité d'avoir à disposition toute une somme de matières premières qui, la plupart du temps, me servent au moins de base si ce n'est en totalité à la confection de mes petites créations sans trop de prétentions mais uniques et belles selon mes critères. Toutefois, sans prétentions ne signifie pas sans efforts ni temps de travail parfois considérable. C'est, me semble-t-il, ce qui donne toute leur valeur à mes réalisations. Je refuse de céder à trop de facilité en l'échange d'argent, que je n'ai d'ailleurs pas. Je ne veux pas créer un modèle que je pourrai sans effort, reproduire à l'infini grâce à la découpe ou la gravure laser. Ces traits trop parfaits, tous identiques me semblent dépourvus d'âme. C'est pourquoi je tiens tant à produire des pièces uniques, authentiques et qui, sur commande ou non, devront vous séduire ou vous ressembler, autant qu'elles conserveront en elles, un peu de moi.

Qu'est-ce qui justifie qu'il ne pose de problème à personne ou presque de se serrer la ceinture pour s'acheter un téléphone bon à jeter d'ici 5 ans grand max, avec la pollution générée lors de la production ainsi qu'au final, le tout pour 1500€, qui plus est fabriqué par des semi-esclaves, mais qu'il semble à nombre de ceux-là incongru que je puisse vouloir vendre à 600€ une bague sur laquelle j'ai passé 40 heures plus le prix de la monture ? Pour une raison de marque, de mode, de snobisme ? Prouvez-leur qu'ils ont tort. Prouvez-leur qu'ils ne sont plus dans l'air du temps. Qu'il est fini ce temps ou c'était la mode de ne pas terminer son assiette, pour faire riche. Qu'il est indécent de couper en morceaux cette orange sur ton plateau de cantine afin qu'elle ne puisse profiter à personne si, bien que tu l'aies payée, elle ne te profite pas à toi, lorsque l'on sait que 10 des 28% de gaspillages alimentaires mondiaux suffiraient à éradiquer la faim de la surface de la terre. Qu'y a-t-il de préférable entre s'offrir le luxe d'une pièce unique une fois de temps en temps ou une montagne de saloperies en plastique ayant fait le tour du monde après avoir étés fabriquées par des esclaves Ouïghours, pour le même prix ?

De prétention j'en ai quand-même une. Il se trouve que j'ai celle d'affirmer que ce que je présente ici est le fruit de mon art, finement distillé au fil des ans, issu de cette démarche toute personnelle qui se veut intègre jusqu'à l'auto-sabotage ainsi qu'au sacrifice de mes intérêts propres si besoin. Mais attention, pas ce genre, qui "d'art n'a que" le nom, afin de profiter d'une niche douillette auprès de son mécène bien-aimé qui à son tour peut en tirer bénéfice en investissant dans un blanchiment d'argent légal. J'estime produire de l'art mais refuse le qualificatif d'artiste. En tout cas, plus au sens classique depuis qu'une d'entre-ceux-là, à qui mes compétences techniques avaient pourtant sauvé la mise, m'avait refusé la légitimité de le revendiquer au prétexte que jusqu'ici je ne l'étais pas. Était-elle celle-là ; ainsi que Bouddha, venu au monde sur ses jambes et paroles de sagesse à la bouche ; née artiste, chalumeau à la main et frappant la tôle de son divin marteau ? Alors non, je ne me revendique pas de ce statut d'artiste. Je n'ai pas cette prétention. Ou seulement alors dans une catégorie bien à moi, une plus humble, plus accessible, plus universaliste. Traitez-moi d'artiste prolétaire pirate. Mais à condition que ce soit dit comme une injure afin que je puisse le recevoir comme un compliment. Je veux produire de mes mains, de petites œuvres, chacune unique, chacune pensée pour apporter plaisir et satisfaction à qui s'en portera acquéreur, mais surtout à des prix accessibles à tous afin de dénoncer l'escroquerie qui consiste à vendre très cher sous prétexte d'art, ce qu'un bon professionnel réaliserait bien mieux pour moins cher mais ne pourrait en espérer que critiques au moindre défaut. Alors en effet, je ne suis pas graveur, ni maroquinier, ni bijoutier, ni brodeur, tailleur ou encore ébéniste et menuisier. Je suis bien loin d'avoir la grande maîtrise des professionnels de ces domaines là. Mais en connaissez-vous un qui est en mesure d'innover, inventer et créer dans chacun de ces domaines là et d'autres encore tel que moi ? Voilà pourquoi je prétend, sinon mériter l'estime de ces spécialistes, au minimum ne pas valoir moins qu'un artiste, expert en rien certes mais touche à tout, depuis toujours en piste. Et puis, comme le disait Ben : "Il suffit de dire que c'est de l'art pour que c'en soit".

Mais j'ai une petite confession à vous faire. Me cacher derrière la création artistique, même si je n'en ai pas demandé le statut légal pour les raisons évoquées ci-dessus, c'est pour me permettre de vous vendre toutes mes créations sans restrictions. En effet, malgré le fait que j'ai mentionné ma volonté de pouvoir commercialiser tout plein de choses différentes de MA création, lors du dépôt de mon statut de micro-entrepreneur, il n'a été retenu QUE créateur de bijoux fantaisie. Déjà, pourquoi fantaisie ? Si ce n'est ni en métaux rares et chers, ni composé de perles et pierres précieuses, cela ne vaudrait-il donc pas mieux qu'une merdouille en plastoc produite à la chaine ? Rien que pour ça je voudrai produire des bijoux en Plutonium. Absolument immettables seraient-ils encore considérés comme bijoux ? Plus sérieusement, je ne me résume pas qu'à un fabriquant de bijoux, tout fantaisiste suis-je. Si ma fantaisie, guidée par l'inspiration du jour, me conduit à vouloir fabriquer une lampe, un petit meuble, customiser un vieux jean, fabriquer des boutons décorés, proposer à la vente les inventions que je me suis fabriquées pour moi-même comme mon orthèse de petit-doigt, mes tentes poncho sac à dos, mon trieur à litière végétale pour chats ou même mon dérouleur de PQ, au nom de quoi voudrait-on m'en empêcher ? Alors voilà, tout ceci est un projet artistique et tout ce qui est à vendre ici est une œuvre d'art. Si vous me commandez une orthèse de doigt, ce n'est pas un matériel médical, je ne m'appelle pas URGO, je n'ai pas déposé de brevet et n'en ferai rien. Si vous voulez que je vous fasse un jean à ma façon, il vous faudra me faire parvenir un des vôtres car je ne suis pas fabriquant et pour des raisons de marque déposée il m'est interdit d'en acheter d'occasion pour vous les vendre ensuite mais rien n'empêche que je vous décore les vôtres. C'est dommage d'avoir à ruser pour travailler honnêtement mais si je dois en passer par là pour contourner les méandres administratifs alors je suis un pirate.

Je suis bien conscient que toute ma démarche et plus encore ma façon d'en parler, ne font pas sérieux ; que ce n'est pas vendeur. Mais n'oubliez pas que les pires horreurs de l'histoire furent commises par des gens très sérieux et qui ont parfaitement su vendre leur soupe. Pour ma part, je préfère rester moi ; authentique et naturel, aussi sincère qu'honnête et intègre. Et tant pis si cela ne devait pas fonctionner, je ne suis plus à un échec près. Mais je refuse de vendre la mienne de soupe de cette façon formatée, stérile et sans âme qui ne laisse aucune place à la spontanéité, aucune place à l'individualité, obséquieuse au possible pourvu qu'il y ait bénéfice à en tirer comme je le vois sur chacun des sites, chacune des boutiques que je visite. Je suis fantasque, extravagant, aussi introverti qu'extraverti, pas moins misanthrope que philanthrope mais c'est ce qui fait que je suis moi, que je refuse de m'en cacher, que je refuse d'en avoir honte et revendique même haut et fort le droit à ma différence. Cette même différence qui me donne ma créativité. Je ne veux plus m'interdire de déplaire à ceux qui de toute façon ne sont jamais satisfaits. Je veux me contenter de ce que j'ai ou bien à ma portée et si possible y prendre du plaisir.

Si toutefois ce discours devait vous déplaire, vous avez peut-être plus à y perdre que moi. Dans ce monde où le libre-parler est l'apanage des artistes ou des fous, il se pourrait bien que comme à mon habitude je me retrouve le cul entre ces deux chaises-là. Cela ôte-t-il le moindre mérite à l'honnêteté de ma démarche ou bien encore à mes œuvres ? A vous d'en juger pour vous seuls car moi je ne compte pas changer, faire dans les courbettes et l'obséquiosité.


N.
Alias Bricolman, le démerdouilliste magnifreak

A vendre ou pas ou plus

Les objets que j'ai déjà réalisés et en stock, qui n'attendent que votre amour pour enfin pouvoir se sentir exister.

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Ici se trouvent rassemblées mes précédentes réalisations ou en tout cas, celles dont j'ai gardé la trace mais qui n'ont pas fait l'objet de vente.

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Do It toi-même !

Sur cette page, retrouvez quelques démonstrations de mes réalisations et éventuellement la possibilité de les reproduire vous-même… 

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 Pas à vendre, jamais vendu !

Je vous intrigue ? Vous voudriez en savoir davantage ?

C'est par ici que ça s'passe.


Bricolman, le démerdouilliste magnifreak

Complément d'infos

Parce qu'en plus d'être cinglé, je suis bavard et que je ne suis pas foutu de rentrer dans la moindre petite case que ce soit, il me fallait un fourre tout où ranger les infos en plus si ce n'est en trop.

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